Dispersé

Zak et Aude sont assis sur un banc. Un café tiède dans la main en guise de déjeuner.

T’as pas l’air dans ton assiette, Zak. Encore une nuit sans sommeil ou une nouvelle révélation existentielle ?

Un peu les deux. Tu connais la danse. Hier, j’étais en feu. J’avais une idée brillante pour un modèle d’IA. Architecture hybride, auto-adaptative. J’étais à fond.

Et aujourd’hui ?

Aujourd’hui je veux vivre dans une cabane sans Wi-Fi et me nourrir de racines. J’ai écouté un podcast ce matin. Sur la souffrance au travail. Et là je me suis dit : « merde, je suis encore en train de construire des outils pour ceux qui pressent les autres. » Et moi, je veux libérer, pas optimiser.

Et tu fais quoi de cette envie-là ? Tu la gardes ?

Je la note. Je l’archive. Je la sacralise 30 minutes. Puis une autre arrive.

Tu tournes comme une appli en bêta permanente.

Je me fatigue moi-même. Chaque jour une nouvelle vérité. Chaque nuit un reset. Je me construis et je me détruis en boucle.

Tu cherches un point fixe.

Non. Peut-être. Je ne sais pas. Je crois que j’ai peur d’en trouver un.

Moi, j’ai peur de ne jamais réaliser ce que je porte. De tout ce que je pourrais créer mais que je ne touche pas.

On est pareils. Toi tu veux créer, moi je veux me découvrir. Mais dans les deux cas, on flippe que le monde passe à côté de ce qu’on aurait pu être. Dans le genre mégalo ! Et puis y a cette voix. Qui me dit que je suis une bibliothèque que personne n’a jamais rangée. Tous les livres sont là. Mais j’ai paumé l’ordre, le sommaire, les signets. Je retrouve rien.

T’as essayé de juste mâcher de l’herbe ?

Pas encore. Mais j’ai mis “expérience de ruminement” dans ma to-do.